La forêt Démérionne. Lumineuse, aux premiers abords. Aux animaux accueillants, lors des premiers regards. Mais plus... Plus vous pénétriez dans ses bois, plus les chemins devenaient étroits... Les arbres si joyeux laissaient place à des troncs sombres, aux feuilles ternies... Plus vous vous enfonciez dans ce domaine boisé, plus la lumière se faisaient rares. Seuls les corbeaux, les loups, et autres créatures sinistres venaient briser le silence morne de ce lieu...
Plus loin, dans une petite clairière, si nous pouvions dire cela, tout herbe avait refusée de pousser. Tout animal ne désirait pas s'approcher de cette clairière au milieu de laquelle trônait une demeure sombre, et sinistre. Tout vie semblait fuir cet endroit comme la peste. Le vent y était froid. Le silence régnait. Seuls les craquements du vieux bois de la maisonnette se faisait entendre. Si vous aviez eu l'humeur à plaisanter, vous auriez surement dit qu'ici vivait une sorcière.
C'est là alors que j'ouvris la porte, lentement. Le grincement de celle-ci résonna sur les quelques mètres aux alentours, faisant fuir les derniers oiseaux proche des environs. Dans l'entrebâillement de la porte, seuls mes yeux verts ressortaient de la pénombre. Froids, sans émotion. Mes pupilles regardaient aux alentours, avant que je ne m'avance sous le clair de lune. Dans cette clairière où les arbres avaient refusés de vivre, la lumière éclairait mes cheveux, les faisant briller. Alors habillée d'une longue cape noire, armée d'un simple poignard dissimulé dans l'une de mes longues manches, je m'enfonçais dans les profondeurs de cette forêt. A mon passage, les arbres s'arrêtaient de respirer, les fleurs se refermaient, les animaux fuyaient. L'aura que je dégageais suffisait à elle seule à me préserver des simples dangers. Cette aura qui avait su me protéger pendant longtemps de la perfidie des hommes, des Drows, de tout être malfaisant. Je me dirigeais à pas lent, n'ayant que peu de crainte quand à ma survie dans ces bois. Une femme m'accompagnait. Dans sa robe de mariée, elle me suivait au même rythme que moi, alors qu'elle semblait si heureuse, mais pourtant si triste... Alors qu'elle gambadait joyeusement à mes côtés, en chantonnant, je m'attardais quelques secondes.
Nous sommes mar-i-és ! Nous nous aimons ! Il est l'homme de ma vie! Je suis telle une enfant redécouvrant l'amour ! ♫
Soudain la mariée s'arrêta. Elle me regardait, me tendant son bouquet... Elle me regardait d'un air si joyeux. Lorsque je fis mine de le prendre, son sourire trembla un instant.
Alors... P-Pourquoi? Pourquoi suis-je là?! JE L'AIMAIS !
Alors que la mariée devenait énervée, une tache rouge fit apparition sur son ventre. Celle-ci s'étendait, le visage de la jeune femme se tordant de douleur, de haine... Puis sa peau se mit à se décomposer, à se décharner.. L'homme l'avait brûlée vive. Il l'avait fait brûlée vive pour récupérer ce qui lui était dû. L'amour n'existait pas en ce monde. La Vision de cette femme disparut dans un cri qui me vrilla les tympans un instant. J'entendis ces mots encore une fois, au creux de mon oreille...
Je... L'aimais?
Sans un mot, je restais à contempler l'endroit où cette mort m'était apparue. M'apprêtant à repartir faire ma ronde dans la forêt, un craquement retentit non loin. Il y avait quelqu'un, quelque chose, proche de moi. Je ne sortis pas ma dague, non... J'attendais. Qui pouvait braver cette aura glaciale qui m'entourait... ? Je discernais la silhouette d'un homme, et je tentais de discerner un peu plus que cela, en vain. Il était bien trop dissimulé dans l'ombre pour que je ne puisse réellement discerner ses traits. Mais il était vivant.
Vous seriez-vous perdu... Mortel?
Ce mot avait presque été craché. Les mortels étaient bercés d'illusions. Ils ne venaient me voir que pour des futilités qu'une voyante de pacotille aurait pu leur offrir. Celui là ne semblait pas avoir l'allure de ces "clients". Qui ne revenaient d'ailleurs généralement pas, aspiré dans les profondeurs de cette forêt... Mais cette personne était-là.